Procès Tron : des deux côtés de la barre, les avocats se préparent à la bagarre

Le Parisien – publié le 12 décembre 2017

L’ancien secrétaire d’Etat est poursuivi avec son adjointe à la mairie de Draveil (Essonne) pour viols et agressions sexuelles. Tous deux ont toujours nié ces accusations…

Sur le bureau de Me Antoine Vey, un imposant dossier. « C’est ma Bible, les 163 pages de l’ordonnance de non-lieu. Je la garde précieusement. L’arrêt de mise en accusation ne fait que 38 pages. » L’associé de Me Eric Dupond-Moretti, avec qui il assure la défense de Georges Tron, compte bien reprendre les motivations de cette ordonnance pour prouver l’innocence de son client.

« C’est un dossier d’acquittement. Il ne s’agissait pas d’un non-lieu au bénéfice du doute mais simplement parce qu’il y a eu des mensonges de la part des accusatrices, ajoute le conseil. Quand on est victime, pourquoi mentir ? Elles ont eu une attitude irresponsable en médiatisant leurs plaintes. Quand une femme subira des faits graves, elle ne les dénoncera pas car elle se dira que les agresseurs sont acquittés. Elles nuisent aux vraies victimes. »

Me Vey reprend : « Dans cette affaire, il y a un fond de réflexologie. C’est connu, M. Tron touche les pieds, mais il n’a jamais a été un fétichiste, il est connu dans le monde de la réflexologie. En trente ans de vie politique, il n’y a jamais eu une main courante avant ces plaintes. C’est dans ce contexte qu’un scénario a été créé avec une stratégie de barbouze. »

De l’autre côté de la barre, les avocats des deux plaignantes maintiennent les accusations. Me Vincent Ollivier, conseil de Virginie F., raconte : « Ma cliente attend ce procès. Cela fait deux ans qu’elle est victime de menaces à son domicile. » Les variations dans ses récits et ses moeurs légères vont être pointées du doigt ? Me Ollivier bondit : « On a l’impression que pour être violée, il faut être irréprochable. »

Un dossier difficile

Quant aux liens de Virginie F. avec les opposants de Draveil, Me Ollivier répond : « Je veux bien entendre que l’opposition a utilisé la plainte contre M. Tron pour lui nuire. Qu’il y ait eu une préparation en amont, la chronologie montre que ce n’est pas possible. »

Laëtitia Bernard, juriste de l’AVFT (Association contre les violentes faites au travail), également partie civile, estime : « Ça ne va pas être un dossier simple de par la personnalité du mis en cause et de ses avocats. » L’association avait recueilli les premières confidences de Virginie F. en novembre 2010. « Nous sommes satisfaits qu’il y ait un procès, trop de dossiers se terminent sur des non-lieux. »

Pour Me Alexandre Braun, avocat d’Eva L., sa cliente était en avance sur son temps : « Ma cliente a été une briseuse de silence avant l’heure. »

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