Georges Tron aux assises. Des témoins manquent à l’appel

Ouest-France – publié le 12 décembre 2017

L’ancien secrétaire d’Etat et maire LR de Draveil (Essonne) et son ex-adjointe encourent vingt ans de réclusion criminelle. Le procès s’est ouvert ce matin devant les assises de Seine-Saint-Denis. Sur les 63 témoins devant être auditionnés d’ici au 22 décembre, beaucoup n’ont pas donné suite aux convocations.

Costume gris anthracite, chemise blanche et cravate grenat, Georges Tron comparaît libre, sous-contrôle judiciaire. Tout comme Brigitte Gruel, son ancienne adjointe municipale. Ils sont accusés par deux anciennes collaboratrices de la mairie de Draveil (Essonne) d’agressions sexuelles et viols en réunion, entre 2007 et 2010.

Des agressions commises, selon les victimes, sous couvert de massages thérapeutiques par l’élu, adepte de réflexologie plantaire, dérapant vers des attouchements et pénétrations digitales. Les deux femmes expliquent avoir été incapables de s’opposer, tétanisées face à leur employeur.

63 témoins attendus

Le procès s’est ouvert ce matin devant les assises de Bobigny (Seine-Saint-Denis). Avec d’abord le tirage au sort des jurés (cinq femmes et un homme). Puis de l’appel des témoins. 63 sont attendus durant les neuf jours de procès Mais beaucoup sont absents en ce premier jour d’audience.

« Si on continue comme ça, d’un planning chargé on va finalement avoir des journées courtes », s’agace alors le président de la Cour, Régis de Jorna, évoquant la possibilité de faire délivrer des mandats d’amener à l’encontre des témoins. « Mais on ose espérer qu’il ne faudra pas les faire comparaître par le biais de la contrainte. Que cela soit dit. »

Des premières tensions

Cette première matinée a été marquée aussi par les tensions entre Me Eric Dupond-Moretti, avocat de Georges Tron, et Me Vincent Ollivier, avocat d’Eva L., l’une des victimes. D’abord sur le calendrier des auditions de témoins. Puis lors du rappel des faits par le président Régis de Jorna. Le défenseur de Georges Tron l’interpelle directement durant son exposé, lui reprochant de « lire l’acte de mise en accusation de 2014, mais rien sur l’ordonnance de non-lieu »rendue en décembre 2013 au terme de l’enquête.

« Vous n’étiez pas dans la salle ? Je l’ai fait », répond le président. Et très vite le ton monte. Me Eric Dupond-Moretti rétorque qu’il a seulement « lu un court extrait de l’ordonnance qui fait 160 pages », alors qu’il fait une « lecture longue de la mise en accusation ».

« Quinze jours pour se faire un avis »

Pour l’avocat, il s’agit seulement « d’un souci d’équilibre », parce qu’il manque selon lui la lecture d’éléments à décharge. Dans l’ordonnance de non-lieu, « on parle notamment des mensonges des plaignantes ». Le président s’énerve, lui intime de se taire avant de poursuivre à vive allure.

« Nous avons quinze jours pour se faire un avis, rappelle l’avocat général, Frédéric Bernardo. Le président a fait état de l’ordonnance de non – lieu et de l’acte d’accusation. Cette décision de la chambre de l’instruction (de 2014) que la Défense critique a été confirmée par la Cour de cassation en 2015. Nous sommes ici devant la cour d’assises, les voies de recours ayant toutes été épuisées. »

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